Portrait de Delphine Bretesché  © Béatrice Cruveiller

Volutes

Résidence de deux mois à la Friche la Belle de Mai avec la Marelle Villa des projets d’auteurs à Marseille. Volutes lecture performée programmée à l’inauguration de Marseille 2013 Capitale européenne de la culture. Novembre janvier 2012-13.

Volutes est une lecture performée, avec un plasticien sonore, donnée debout devant un dessin à la mine de plomb de 150x700, avec au sol une œuvre tissée de 250x300 travaillée au coton et au chanvre, reprenant à l’aiguille les motifs du dessin. Le texte lu était manuscrit sur un petit rouleau, lu de bas en haut sur une face, de haut en bas sur l’autre.
Ancienne usine de sucre puis Seita produisant des allumettes, des cigares et des cigarettes, la Friche La Belle de Mai présentait sur ses sols en pleine réhabilitation à la fois les traces de son passé et de son présent: des rails ouvriers des wagons chargeant les feuilles de tabacs aux bétons lissés accueillant les nouvelles salles d’expositions. 
J’ai pris les empreintes de ces différents sols à la mine de plomb sur un rouleau de 150 cm de large, à genoux sur le sol. Ce dispositif a facilité l’échange et la rencontre avec le public de la Friche : les gens engagent la conversation, évoquent ce sol, son histoire, leur histoire à eux en lien avec ce site.

J’ai également demandé à rencontrer les acteurs historiques du lieu, ceux qui ont inventé la Friche juste après la fermeture de l’usine Seita. À partir de la création sonore de Guillaume Laidain s’inspirant des sons des travaux de la Friche, j’ai écrit un long poème qui évoque son histoire, ses sols et ceux qui les foulent.

2013, *Volutes*, 150x700, mine de plomb sur papier, détail

Texte d’Éric Caligaris : Impressions d’après Volutes

Frotté. Au sol, le corps est invisible. Il se souvient maintenant des zones et des mouvements décalqués pendant la résidence. Genoux minés, probablement comme les joints des carreaux en réserve sur la feuille. Frottés. Les plausibles font tressaillir dans la pénombre. L’expérience, ici, c’est d’écrire et de dire presque tout bas en glissant de l’intime vers l’histoire, vers l’oubli, vers l’horreur déroulée sur les rails, juste à côté, et que je n’ai pas senti venir. Frottés. Les sons sont des structures comme les plis du tissus brodé et jonché au devant de la scène : informe et rampant, il force au détail. Frotté. Le souffle est contenu dans le fil tendu entre le rouleau de texte cousu des sons qui ne mangent jamais la voix qui n’arrive pas à sortir. Frotté. Le long graphisme remonte jusqu’à la voûte - décors, rouleau, preuve, horloge, stigmate. Frotté. Le regard furtif du musicien vers la lectrice qui tourne dans sa cage avant de commencer l’immersion monocorde, intime et continue dans le travail d’une parole, le travail d’un corps, le travail d’élever de la pensanteur qui les retient au sol. Frotté. Frotté. Et dehors, ça crie.

*Volutes*, 2013 le rail ouvrier à l’aiguille, 
en empreinte sol de la Friche Belle de Mai, Marseille
*Volutes*, 2013 le rail ouvrier à l’aiguille, 
en empreinte sol de la Friche Belle de Mai, Marseille
*Volutes*, 2013 le rail ouvrier à l’aiguille, 
en empreinte sol de la Friche Belle de Mai, Marseille
*Volutes*, 2013 le rail ouvrier à l’aiguille, 
en empreinte sol de la Friche Belle de Mai, Marseille
*Volutes*, 14 et 15 janvier 2013, 
Le petit théâtre, Friche Belle de Mai Marseille
*Volutes*, 14 et 15 janvier 2013, 
Le petit théâtre, Friche Belle de Mai Marseille
*Volutes*, 14 et 15 janvier 2013, 
Le petit théâtre, Friche Belle de Mai Marseille
*Volutes*, 14 et 15 janvier 2013, 
Le petit théâtre, Friche Belle de Mai Marseille